Bien vivre à Montluel souhaite porter à la connaissance le communiqué de presse de l’ACER sur la qualité de l’eau potable.
L’Association Côtière Ecologie Revalorisation (ACER) informe depuis 1990 les populations sur les risques induits par les activités humaines sur l’environnement naturel et le cadre de vie et incite les collectivités à veiller aux réseaux de récupération et de recyclage des déchets et à lutter contre toutes les pollutions, sur les cantons de Meximieux, Montluel, Miribel, Lagnieu et Ambérieu-en-Bugey.
Les fortes pluies du 10 mai dernier ont entraîné le débordement du Cottet puis son infiltration dans le puits de captage de l’eau potable à Pizay. Cet équipement, en mauvais état depuis plusieurs années est prioritaire dans le programme d’actions de la 3CM visant « la reconquête de l’eau ».
Beaucoup d’informations ont circulé ces derniers mois dans la presse alertant sur les pollutions de l’eau de consommation. Qu’en est-il sur la Côtière en ce moment ?
L’Acer, attentive à la pollution de l’eau du robinet depuis 1995, s’inquiète des dernières analyses et souhaite apporter des informations nécessaires qui n’ont pas été données.
L’eau est très surveillée pour sa qualité bactériologique avec une analyse tous les mois partout en France. Si une contamination bactériologique est mise en évidence, l’eau est déclarée impropre à la consommation et des bouteilles d’eau sont distribuées jusqu’à la fin de la pollution aux habitants concernés, car sa consommation entraîne rapidement des problèmes gastro-intestinaux qui peuvent être plus ou moins graves.
C’est ce qui est arrivé à Pizay, les élus de la 3CM ont informé rapidement la population de cette pollution et organisé la fourniture d’eau en bouteilles pour les usages de boisson, cuisine, lavage de dents jusqu’à ce que ces bactéries disparaissent et après nettoyage des installations de distribution.
Il y a aussi des analyses physico chimiques. L’eau peut aussi être polluée par des pollutions chimiques provenant de produits utilisés dans l’industrie ou dans l’agriculture. Là, les analyses sont beaucoup moins nombreuses et très incomplètes Cela dépend des demandes de l’ARS départementale. L’Ain a été classée dans la liste des départements « bonnet d’âne » par « Que choisir » pour le trop petit nombre de molécules recherchées dans l’eau de consommation (en 2020 : Ain analyse 48 molécules contre plus de 200 en Isère).
Pour mettre en évidence une pollution par une molécule il faut la chercher…
Fin 2020, l’ARS régionale a revu sa liste de pesticides recherchée dans les analyses d’eau et a inclus une molécule l’ESA qui provient de l’herbicide le S metolachlore utilisée dans la culture du maïs et de certaines céréales depuis plus de 30 ans. Il s’agit d’une molécule très mobile et soluble dans l’eau actuellement déconseillée par le fabricant à proximité des puits de captage !
Elle a été mise en évidence immédiatement dans les eaux de nombreux villages et villes à des doses qui dépassent le seuil autorisé 0,1 microgramme par litre pour cette molécule.
C’est le cas sur le territoire de la 3CM et de la Plaine de l’Ain, des puits de Villieu qui alimentent également Meximieux, Bourg Saint Christophe, Pérouges et c’est aussi le cas du puits de la Pyre à Béligneux, ceux-ci dépassant de 1 à 5 fois la norme sur les analyses de ce début d’année et à Pizay qui dépasse de 10 à 20 fois la norme.
L’ARS a informé immédiatement les responsables de la distribution de ces dépassements, maires communauté de communes demandant « d’en informer la population sans délai », sans plus d’explication.
Certaines collectivités l’ont fait, d’autres non !
Avez-vous eu vous connaissance de cette première information, vous qui habitez ces communes ?
Mais l’ARS ajoute également dans sa lettre aux responsables de la distribution qu’aucune mesure sanitaire n’est à prendre puisque « la limite » intervient à des doses 5000 fois supérieures (limites données par le fabricant de ces produits !) Est-ce la limite de l’apparition de troubles graves ? Lesquelles ? de l’empoisonnement ? Pas d’explication…
Pourquoi l’ARS alerte de manière aussi ferme et en même temps laisse supposer par l’absence de mesure sanitaire et par la juxtaposition de ces chiffres, que ces pollutions n’ont pas d’importance ?
Définition scientifique simple : « Cet herbicide comme l’atrazine, comme le glyphosate, détruit de nombreuses espèces végétales et animales en agissant sur l’équilibre hormonal ». Des scientifiques ont mis en évidence que ces molécules perturbent aussi les systèmes endocriniens des humains et particulièrement aux périodes de maturation sexuelle fœtus, bébé enfants, adolescents, même à faible dose et que cela peut être transgénérationnel ; ces molécules sont susceptibles également de provoquer des cancers.
Que choisir et de nombreuses associations santé environnement demandent à l’ARS et aux pouvoirs publics une réglementation précise pour ces pesticides et leur reconnaissance en tant que perturbateurs endocriniens … la loi européenne interdit les perturbateurs endocriniens, mais le classement des molécules concernées n’avance guère au mépris de la santé des personnes… et rien n’est encore décidé à ce jour…
C’est scandaleux que les consommateurs ne soient pas avertis et informés de manière précise de ces risques ! Ça l’est encore plus quand la pollution est majeure et était certainement présente depuis plusieurs mois et qu’elle continue quand les moyens pour la réduire ou la supprimer ne peuvent pas être mis en place d’une manière rapide (par exemple grâce à un puits de substitution).
La solution de l’eau en bouteille ou l’approvisionnement dans la famille ou les amis non concernés sont des solutions à court terme mais certainement à prendre pour les populations à risque tant que cette pollution grave est présente car l’eau est notre principal « aliment ».
Le premier devoir est d’informer et d’informer correctement les usagers, de pas mettre tout ça sous le tapis pour ne pas faire de vagues… C’est une question de santé publique.
La préservation de la qualité de l’eau du robinet doit être, non seulement la priorité de tous les élus communaux, régionaux, nationaux, c’est aussi leur responsabilité. Il faut tout faire pour la retrouver. L’eau est très précieuse. C’est notre survie qui en dépend.
L’ARS demande également dans sa lettre d’engager les actions nécessaires pour la protection des aires d’alimentation des captages pour la reconquête de la qualité de l’eau. « On peut créer un périmètre de protection en interdisant les traitements chimiques sur toutes les cultures de la zone vulnérable » suggère Madeleine Chatard Leculier, Présidente de l’ACER. Il faut que ces zones vulnérables soient exemptes de traitement chimique car une molécule chimique remplacée par une autre, cela ne règle rien.
De nombreuses villes plus ou moins grandes telles Lons-le-Saunier depuis plus de 20 ans et Paris très récemment, se sont engagées dans cette voie avec des compensations pour les exploitants concernés par ces exigences de changement de pratiques agricoles. Il nous faut les suivre dans cette voie inéluctable et d’avenir.
Ensemble, restons vigilants dès qu’un pesticide est mis en évidence dans les analyses. C’est le signe suffisant d’une pollution à prendre en compte.
A lire l’article Le Progrès du 13 juin 2021 « Après l’épisode de Pizay, les défenseurs de la qualité de l’eau sont inquiets » https://c.leprogres.fr/sante/2021/06/13/apres-l-episode-de-pizay-les-defenseurs-de-la-qualite-de-l-eau-sont-inquiets