Le numérique est devenu un maillon essentiel de l’économie et est un vecteur d’innovations disposant d’un potentiel d’économie d’énergie dans plusieurs secteurs d’activité, notamment grâce à l’adaptation intelligente de la thermique des bâtiments, la détection et la mesure des pertes sur les réseaux d’électricité, de gaz ou d’eau ou encore la mutualisation des lieux de vie et de leurs fonctions avec le développement du télétravail et du coworking. Ainsi, en complément du développement des usages, la fibre optique est une technologie qui offre la meilleure des consommations : en moyenne sur une année, un utilisateur de réseau mobile 4G consommerait de l’ordre de 50 kWh d’électricité, contre 19 kWh pour une ligne téléphonique classique (RTC), 16 kWh pour une ligne téléphonique avec une box en dégroupage (ADSL) et 5 kWh pour une ligne téléphonique en fibre optique.
Le collectif Bien vivre à Montluel propose d’accélérer le déploiement de la fibre optique sur notre territoire en relation étroite avec le syndicat SIEA en charge des réseaux électriques et de communications électroniques sur notre territoire. Les nouvelles technologies seront mises à profit de la transition énergétique, avec une meilleure gestion du chauffage et de l’éclairage dans les bâtiments publics, ainsi que pour faciliter la remontée directe d’informations par les habitant.e.s.
Mais le numérique est aussi porteur de l’effet rebond, paradoxe qui consiste en ce que les différentes innovations technologiques qui améliorent l’efficacité énergétique conduisent à l’augmentation de la consommation. En effet, alors que l’automatisation de la gestion de certains équipements (par exemple le chauffage) peut réduire la consommation énergétique d’un bâtiment public, l’utilisation des assistants vocaux pour piloter des équipements pourrait entraîner à l’inverse des inefficacités. De la même manière, alors que les services en réseau de cloud gaming permettent une durée de vie des consoles de jeu plus longue, d’autres usages requièrent au contraire que les utilisateurs renouvellent leurs équipements pour en bénéficier. Ainsi on constate que la durée moyenne de vie d’un téléphone portable est de 20 mois ! Or c’est la phase de production des équipements qui est la plus génératrice de gaz à effet de serre (GES), la phase d’utilisation ne représentant que 20% des émissions de GES sur la totalité du cycle de vie du produit.
Plusieurs solutions sont possibles pour réduire les émissions de GES imputables aux terminaux en dehors de leur utilisation : la réutilisation des terminaux et des équipements permet d’allonger leur cycle de vie et peut s’inscrire dans une plus large démarche d’écoconception, qui a pour objectif d’offrir à l’utilisateur final un service de qualité sensiblement équivalente en mobilisant significativement moins de ressources. Par ailleurs, une solution pour améliorer l’efficacité énergétique des centres de données serait de réutiliser la chaleur dégagée par les serveurs pour chauffer des habitations ou d’autres équipements publics (piscines, etc.) situés à proximité des datacenters.
Le collectif BVM propose qu’une grande campagne de formation doit être lancée localement :
– auprès des jeunes, sur la question des écrans et réseaux sociaux et leurs dérives (harcèlement, addictions, etc.)
– auprès de toutes et tous : discuter sur l’impact écologique de l’utilisation du numérique et favoriser la réparation, le prêt, les solidarités locales et les autres stratégies permettant d’éviter la surconsommation.
Le saviez-vous ?
Utilisées quelques heures par jour en moyenne, les box internet allumées en permanence ont en Europe une consommation équivalente à la production de deux à trois réacteurs nucléaires. Cela peut s’expliquer par l’absence d’incitation suffisante, tant pour les utilisateurs que pour les opérateurs, à limiter la consommation de tels équipements et à les éteindre lorsqu’ils ne sont pas utilisés.
L’effet rebond est pour la première fois mis en évidence par W. Stanley Jevons (« paradoxe de Jevons ») puis actualisé par les économistes Daniel Khazzoom et Leonard Brookes (« postulat de Khazzoom-Brookes »). Il représente un « paradoxe » dans la mesure où toute évolution d’un usage ou d’une technologie qui s’avère améliorer l’efficacité énergétique d’une activité devrait impliquer, a priori, une réduction de l’impact énergétique total de cette activité. Cependant, si cette amélioration engendre (ou se produit) en parallèle (d’) une baisse du coût de production du service considéré, cette baisse de coût permet alors de produire une plus grande quantité du bien ou service pour un prix inférieur et a pour effet d’en stimuler la demande. Jevons estime ainsi que « l’idée selon laquelle un usage plus économe du combustible équivaudrait à une moindre consommation est une confusion totale. C’est l’exact contraire qui est vrai. »