Échappée de la psychologie, la résilience est aujourd’hui un concept plus large qui définit, pour une personne comme pour un territoire, sa capacité à rebondir malgré les difficultés.
Les tensions vécues dans les commerces alimentaires lors du premier confinement ont prouvé l’importance des chaînes d’approvisionnement dans notre pays. Aujourd’hui à flux tendu, ces chaînes pourraient, pour des raisons d’indisponibilité des carburants ou des poids-lourds comme lors des grèves de 1968, s’interrompre à tout moment, laissant en panique une part importante de la population. Il est généralement admis que deux à trois jours seulement de réserves alimentaires sont présents dans les villes.
Que faire si l’interruption venait à durer plus longtemps ?
Cette question qui pourrait avoir un impact fort sur la tranquillité publique a été portée durant longtemps par un homme seul, Stéphane Linou. Ce “locavore” de la première heure (2008) – souvenez-vous en 2012 de l’émission TV “200 kilomètres à la ronde” qui fixait aux familles candidates l’objectif de se nourrir durant une semaine exclusivement dans un rayon proche de leur domicile – a enquêté (*) et montré la situation accablante tant pour les communes, que pour l’Etat. Depuis le gouvernement s’est emparé du concept de résilience pour nommer les opérations militaires liées à la crise sanitaire et porte dans son discours le développement des circuits courts. Quant aux collectivités territoriales qui le souhaitent, elles peuvent intégrer ce risque pour l’anticiper dans le Document d’information communal sur les risques majeurs (DICRIM) ; celui-ci est trop souvent tourné vers les risques sismiques, climatiques ou industriels, alors que la résilience alimentaire et la préservation de la biodiversité sont aujourd’hui des risques majeurs sur l’ensemble des territoires.
Ce positionnement serait un acte politique fort car tendre notre territoire vers la résilience alimentaire oblige à sortir du système actuel pour transformer l’agriculture et l’adapter aux changements climatiques à venir en multipliant les micro-fermes et l’agroforesterie préservant les sols et la biodiversité, en plantant de nouveaux des haies protectrices du vent et de la chaleur.
La transformation des circuits de distribution est également essentielle afin de réduire les transports et les coûts indirects. Rendre accessible à toutes et tous l’autoproduction en développant des jardins partagés et en remplaçant les cultures d’ornementation par des cultures vivrières sont autant d’idées à développer car tous les leviers liés aux achats des communes (cantines, espaces verts…) sont aujourd’hui à actionner.
(*) Stéphane Linou – “Résilience alimentaire et sécurité nationale”
Et d’un point de vue personnel ?
Diversifier son alimentation et ses sources d’approvisionnement est certainement le conseil majeur à appliquer à soi-même et aux siens. Cela veut dire arrêter d’acheter exclusivement dans la grande distribution pour répartir ses achats dans les petits commerces plus enclins à connaître leurs fournisseurs et producteurs. Privilégier les circuits courts en achetant directement auprès des producteurs ou via une AMAP Association pour le maintien de l’agriculture paysanne. Produire ses propres fruits et légumes, sur son terrain ou dans des jardins partagés, les transformer et les conserver. Produire et partager ses semences. Possédez une petite réserve de produits secs.
Un calculateur de la résilience alimentaire des communes françaises CRATER est disponible sur le web. Par exemple pour Montluel : https://crater.resiliencealimentaire.org/diagnostic.html?idTerritoire=C-01262