Le quartier de la Maladière est classé en Quartier prioritaire de la politique de la Ville : des moyens sont censés être alloués pour agir en faveur de la population sur les plans de l’habitat, l’éducation, l’urbanisme.
Mais les moyens alloués sont faibles : 133 millions d’euros en 2022 pour 1 500 quartiers en France. Cela concerne 5,4 millions de personnes, soit 8 % de la population française. La politique de la ville est un des parents pauvres du service public : des décennies de « plan banlieues » n’ont fait que détricoter des moyens qui commençaient à peine à produire des effets.
Dès 2018, Jean-Louis Borloo, ancien ministre de la ville, insistait sur l’urgence à agir en faveur de ces quartiers, faisant un bilan très négatif des moyens alloués : « Moins on en a fait en matière de politique de la ville, plus on a annoncé de dispositifs, de chiffres et de politiques prioritaires. On a remplacé les moyens publics par les annonces publiques. Résultat, dans les quartiers, il y a moins de services publics, moins de crèches, moins d’équipements sportifs, moins de capacités financières des communes (30 % de moins), moins d’accès à la culture, moins de policiers, de professeurs et des agents de police plus jeunes, qui coûtent donc moins cher… C’est un scandale absolu ». Rappelons aussi qu’en 2018, le président Macron a enterré le plan Borloo, pourtant salué par toute la classe politique et les professionnels de la Politique de la ville.
Il est indispensable de faire société “ensemble”, mais c’est impossible dans des conditions d’abandon de tout un pan de la population qui souffre également de nombreuses idées reçues :
- Ces quartiers bénéficieraient massivement d’argent public : c’est faux ! cela représente 33€ par habitant et par an,
- La population est avantagée en termes de coûts du loyer : archi-faux !, les bénéficiaires de logements sociaux paient un loyer pas toujours si modéré et bien souvent pour des logements vétustes,
- La violence et la délinquance se concentreraient dans ces quartiers. Encore faux ! Les trafics concernent toutes les couches de la population.
En complément d’un investissement efficace et efficient, il s’agit aussi d’arrêter de toute urgence la stigmatisation des habitant.es de ces quartiers. A Montluel comme ailleurs, ce sont les conditions incontournables pour une société apaisée.