Politique de la ville : rencontre avec Pascal NIGGEMANN, Président du conseil des Anci’Ain

Le 31 août dernier, des coups de feu ont été tirés devant la résidence Le Cèdre, rue du Torrent dans le quartier des Peupliers. L’incident a fait un blessé selon la presse locale et les habitants. Ces éléments d’une importante gravité ont suscité une grande inquiétude chez les habitant.e.s.

Pour autant, les moyens existent pour lutter contre ces actes de violence : Dispositif Quartier Prioritaire de la Politique de la Ville (QPV), tissu associatif, Réseau Serein·e et Solidaire, MJC ou encore Conseil Intercommunal de prévention de la délinquance (CISPD). Force est de constater que peu d’actions ont été menées par la mairie et l’intercommunalité jusqu’à présent. Nous ne pouvons plus rester immobiles et sans solution. La détresse des habitants nous engage.

Afin de faire des propositions aux acteurs politiques, nous avons rencontré M. Niggemann, ancien responsable de la brigade de gendarmerie de Montluel. Pascal Niggemann a accepté de présider le conseil des Anci’Ain, créé par le conseil municipal (les élu.e.s Bien vivre à Montluel avaient voté contre) sur proposition du Maire le 19 novembre 2020.

Pour rappel, ce conseil avait été créé à la suite de la polémique dont nous avions dénoncé la manipulation par l’ancien maire ici : https://bienvivreamontluel.fr/communique-de-presse

Le Maire avait fixé l’objectif de ce conseil, « projet de l’équipe municipale attachée au principe de participation des habitants à la vie de la commune, et qui entend mener une politique de citoyenneté active auprès des jeunes notamment dans le domaine de la délinquance. ». Sa principale mission étant de « conseiller sur le problème spécifique de la prévention de la délinquance des mineurs ». Or, depuis sa création, le conseil n’a jamais pu être réuni…

Pourtant les propositions du Président de ce conseil ne manquent pas.

Deux propositions phares ressortent de l’entretien qui s’est déroulé avec lui.

La première concerne le « futur de la délinquance » : une partie des enfants des écoles maternelles et élémentaires, puis des collèges font très tôt la rencontre avec l’échec scolaire, l’une des causes de la future délinquance des jeunes. Notre interlocuteur imagine une dynamique locale qui prendrait à bras le corps ce difficile problème ; cela passerait par une mobilisation d’ancien.ne.s enseignant.e.s, d’associations, d’étudiant.e.s proches de notre ville, jusqu’à Lyon (avec possibilité d’aide en visioconférence) pour mettre à niveau les élèves le plus tôt possible quand les enseignant.e.s constatent des difficultés scolaires. Le bénévolat serait sollicité, ce qui financièrement serait indolore pour le budget municipal.

La seconde s’attaquerait à la « délinquance du passé ». M. NIGGEMANN rêve de voir s’installer une « école de la troisième chance » sur le territoire de la communauté de commune. Cela pourrait être un partenariat État-Rectorat-communauté de commune et peut-être des entreprises locales ; des jeunes pourraient être formé.e.s en vue d’un emploi correspondant à des nécessités locales, en fonction de leurs aptitudes. Avec possibilité de diplômes. Cela ne pourra pas se faire dans l’immédiat ; mais une réflexion pourrait être entreprise.

Cela n’exclut pas les sanctions. « Répression-prévention forment un ensemble, ce sont les deux faces d’une même pièce, sinon ça ne marche pas. Si l’on veut avoir le soutien de la population, il est nécessaire de sanctionner les délits constatés », estime notre interlocuteur.

Sans s’enfermer dans le présent, comme c’est souvent le cas, d’où la nécessité de la prévention « pour le futur ».

« On ne peut pas gérer la délinquance uniquement avec des caméras de surveillance. […] Plus on agit vite pour comprendre ce qui a motivé l’infraction, plus on a de chances d’éviter qu’elle se renouvelle. Si on ne règle pas le pourquoi de celle-ci, il n’y a pas de raisons que ça s’arrête. Souvent, ce qui crée la récidive, c’est le fait de ne rien faire. »

Pascal Niggemann

Enfin, l’une des raisons de son engagement dans le comité tient à sa volonté de mettre en contact les personnes coupables de méfaits avec les victimes. Cela évite aux idées préconçues de s’imposer.

« Si, l’auteur des faits travaille avec la victime, on casse beaucoup de barrières. Le raisonnement change avec la connaissance de l’autre. »

Un grand merci à M. NIGGEMANN pour son engagement au service de la commune et pour avoir bien voulu répondre à nos questions.